La taxe sur les plastiques va-t-elle conduire à une économie circulaire ?

La taxe sur les plastiques va-t-elle conduire à une économie circulaire ?

| Auteur: Patrick Semadeni

Quel est l'enjeu ?
 

Depuis quelque temps, une taxe sur les plastiques fait l'objet de discussions au niveau européen et dans les différents pays, et des mesures sont prises en vue de sa mise en œuvre. Le budget 2021-2027 de l'Union européenne prévoit une taxe sur le plastique pour la partie non recyclée des emballages en plastique. Ce montant s'élève à 80 cents par kilogramme de matière non recyclée. Selon les rapports, de nombreux grands États membres de l'UE souhaitent payer cette taxe sur le budget général de l'UE et ne pas introduire de nouvelle taxe. Certains pays comme le Royaume-Uni, l'Italie et l'Espagne ont également décidé d'imposer une taxe sur les emballages plastiques en fonction de la proportion de matériaux recyclés. Ces trois pays pourraient désormais être rejoints par la Suisse : le Conseil national, en tant que première chambre habilitée à agir, a adopté la motion 20.3940 le 17 décembre 2020. Cette motion de la commission sur l'environnement, l'aménagement du territoire et l'énergie du Conseil national prévoit une taxe sur les emballages en plastique pour les boissons et les produits de nettoyage s'ils ne contiennent pas au moins 25 % de matières recyclées.

Pourquoi une taxe sur les plastiques n'est pas le bon instrument
 

Cette motion est problématique à plusieurs égards et ne soutient pas l'économie circulaire :

  • De nombreuses applications ne peuvent pas être mises en œuvre avec du contenu recyclé. L'utilisation de recyclats pour les denrées alimentaires est quasiment impossible actuellement dans le domaine des polyoléfines (polyéthylène, polypropylène) en raison du manque d'agréments (cf. règlement (CE) 282/2008). Dans le cas des agents de nettoyage, diverses substances (par exemple les concentrés) nécessitent une autorisation dite UN. L'utilisation de recyclats n'est pas non plus possible. Cet emballage fait l'objet d'une discrimination.
  • Il y a actuellement et il n'y aura dans un avenir proche que trop peu de recyclats de qualité suffisante. Avant même d'envisager une telle taxe, il convient de créer des structures de collecte, de tri et de traitement suffisantes. En Europe, près de 70 % des transformateurs se plaignent de l'insuffisance des recyclats appropriés.


EuPC, Survey on the use of rPM, Brüssel, 2020

  • Le plastique n'est pas le seul matériau utilisé pour l'emballage. Si une taxe lui est imposée, cela peut conduire à l'utilisation d'autres matériaux qui génèrent autant de déchets, mais qui ne sont recyclables qu'avec des besoins énergétiques plus élevés et qui sont moins performants sur le plan écologique. Tout cela aurait lieu au détriment de l'environnement. La suppression du plastique dans les emballages de biens de consommation multiplie par quatre les coûts environnementaux !


Trucost, Plastics and Sustainability, Washington, 2016

  • Si les emballages en plastique sont taxés et que les autres matériaux d'emballage ne le sont pas, cela est discriminatoire.
  • La taxe ne fait rien pour encourager la collecte et le recyclage. Et c'est exactement là que l'économie circulaire entre en jeu. Les fonds devraient plutôt être utilisés spécifiquement pour construire de telles infrastructures. La Suisse ne dispose actuellement pas de stratégie cohérente à cet égard.
  • Cette taxe empêche les initiatives du secteur privé. Et il y existe des concepts prometteurs, que vous pouvez voir ci-dessous.

Aussi bénéfique que puisse paraître une taxe sur le plastique, elle ne résoudra pas le problème des ressources et des déchets.

Alors, il n'y a rien à faire ?
 

L'industrie devrait-elle donc rester les bras croisés et ne rien faire ? Absolument pas. Les problèmes environnementaux sont trop importants, surtout le changement climatique, qui met en danger nos moyens de subsistance. Notre demande de ressources est également bien trop importante. Nous devons agir, et agir rapidement.

Il y a des solutions !
 

Les meilleures solutions sont celles sur lesquelles les chaînes de valeur concernées s'accordent volontairement. L'exemple de l'organisation PET Recycling Schweiz PRS montre que cela peut fonctionner parfaitement. L'article 8 paragraphe 1 de l'ordonnance sur les emballages pour boissons (OEB) exige un taux de recyclage de 75 % pour les emballages pour boissons en verre, en PET et en aluminium. Dans le cas du PET, par exemple, l'industrie a mis en place la PRS pour atteindre cet objectif et finance la collecte et le recyclage avec une contribution par bouteille. Le taux de collecte est désormais bien supérieur à l'objectif fixé, et on trouve des poubelles de collecte partout dans les lieux publics et les bureaux.

Un bon système de responsabilité élargie des producteurs a également été développé par l'association PRISMA. Comme pour la PRS, une organisation est créée, financée par les distributeurs et qui organise la collecte et la valorisation en collaboration avec les cantons et les communes (nous avons un monopole public pour les déchets municipaux en Suisse). www.prisma-innovation.ch/one-for-all-blueprint 

Le système PRISMA couvre tous les types d'emballages, y compris l'aluminium, le verre, le carton, etc. Grâce à l'éco-modulation, les emballages conçus de manière durable (Design for Recycling and Circularity) bénéficient d'un traitement préférentiel.

Ne succombons donc pas à des mesures populistes qui semblent bénéfiques, mais qui ne font pas grand-chose pour l'environnement, mais mettons en œuvre des concepts globaux et créons une économie circulaire sur tous les emballages.

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